4 :05 AM, 2030 Décembre Mardi matin, Quartier privé, Okutama, Japon

Des… pleurs ?...

Mais qui pleurait ?...
Une petite forme frêle, visiblement humaine, prostrée dans un coin d’une salle de bain relativement grande tressautait au rythme de ses pleurs. Enroulée dans un drap blanc aux divers dessins et formes, la silhouette continua à sangloter, ses mains plaquées sur ses oreilles, comme si le silence de la pièce était devenu un concert insupportable à écouter.
La vérité était qu’il y avait à peine quelques minutes, une autre forme humaine plus grande et imposante la violentait verbalement… Et physiquement.

Et comme si se mettre en boule pouvait réellement protéger cette forme fragile, elle continuait, même après la tempête.

« Pourquoi ?... … Pitié… »


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Et voilà… Tu avais en tout et pour tout dû dormir 4 heures et quelques minutes. Ton repos, même s’il avait été interrompu une fois par ton habituel cauchemar, avait été plutôt réparateur.
Et puis ce n’était pas si peu, tu avais déjà enchaîné plusieurs nuits blanches pour le travail, ou fait des nuits extrêmement courtes… Mais justement, lorsque c’était pour le travail, tes insomnies ne t’usaient pas autant les nerfs. Rien de plus normal, tes pensées étaient toutes occupées par ta mission du moment, tu n’avais pas le temps de repenser au passé, de ruminer ce que tu n’avais pas encore accompli, ou ce que tu avais mal fait. C’était pour toi comme un petit bol d’apaisement.

Sachant que tu ne pourrais jamais te rendormir, tu te tiras de tes duvets en plumes d’oie, te levas en soupirant, murmurant à haute voix pour intimer à ta chambre de s’allumer.

« Lumière… »

Pas besoin de lui intimer à quelle intensité elle devait t’éclairer, tu avais déjà rajouté cette fonctionnalité au système domotique de ta maison. Elle n’était pas entièrement connectée mais… Les pièces isolées, tu les gardais secrètes, au cas où. Déformation professionnelle. Et peut-être… Une ancienne habitude que tu avais conservée de ton adolescence tumultueuse et solitaire. C’est qu’à cette époque, tu avais réellement besoin de cacher certaines choses… Vivant seule et dans la rue à certains moments, les premières règles étaient bien d’avoir un abri pour soi et également pour ses affaires.

Notamment pour ton pc portable et ton téléphone. C’était tes outils pour te trouver à manger et te protéger… Alors évidemment, pendant cet épisode de ta vie, tu ne pouvais te payer rien de plus qu’une chambre dans un hôtel capsule miteux lorsque c’était possible, et évidemment le casier n’était pas une option envisageable. D’une part parce que ça aurait grignoté une grosse partie de ton budget, et d’autre part parce qu’il ne fermait jamais très bien. Y ranger tes affaires auraient été comme servir sur un plateau d’argent tes précieuses possessions. Au propriétaire ou à un autre résident parasite.

« Hmm… Bon… Entraînement, et douche, ça me réveillera. »

Malgré ta tenue légère, le chauffage optimal de ta demeure t’offrait le confort de pouvoir te promener en simple nuisette… Si tu pouvais te permettre de désigner ce t-shirt masculin trop grand, étiré au niveau du cou. Cet accoutrement laissait à l’air libre tes jambes tatouées de ces fameuses lignes remontant jusqu’à tes clavicules et ton dos.
Après avoir enfilé tes chaussons roses à tête de lapin, tu te dirigeas vers ta table de nuit fixée au mur pour fouiller dans un tiroir et retirer une petite boîte transparente et lumineuse. Après avoir posé ton index à un certain endroit, tu déverrouillas grâce à ton empreinte digitale le petit coffret, libérant ainsi tes SCHA lens que tu apposas bien assez vite sur tes pupilles ambrées aux reflets légèrement roux. Après avoir cligné deux ou trois fois des yeux, tu pu te connecter aisément tout en attrapant ta coiffe que tu nouas à ton cou. Véritable doudou que tu emportais partout, sauf en mission. Tu allais passer 3 heures à t’entraîner en attendant patiemment la conférence que tu devrais mener plus tard dans la matinée.

Successivement à cette séance d’entraînement plutôt sportive qui t’avait fait suer une bonne partie de ton trop plein d’énergie, une douche brulante et un petit déjeuné français préparé par ton robot cuisinier, tu te mis en route pour l’université après avoir troqué ta nuisette contre un tailleur noir et des mocassins de ville.
Tu n’aimais pas particulièrement intervenir dans ce genre de conférence. Tu n’avais pas et n’aurais jamais cette fibre de l’éducation… Oh, patience tu avais… Mais tu aimais être écoutée. Et tu n’étais pas sans savoir que la plupart des étudiants assistaient à ta conférence parce que leur professeur avait intégré cette intervention à son cours.

« Espérons que je ne perde pas mon temps ce matin… »

Si tu n’en avais pas envie, que faisais-tu là n’est-ce pas ?... Tu n’avais tout simplement pas résisté à l’appât du gain. L’une de tes connaissances enseignant dans cet établissement (en échange d’un service), t’avait projeté l’espace d’une journée intervenante dans cet amphithéâtre subitement surpeuplé. Déjà que, les conférences t’étaient imposées… Tu avais un petit quota à remplir, surtout depuis que tu avais quitté l’armée. Tu n’avais évidemment pas le droit de parler en détail de cette carrière, cependant tu pouvais développer les compétences que tu avais acquise grâce à elle. Comme aujourd’hui, en somme.

« […] Il conviendrait donc pour les responsables de traitement de se montrer particulièrement vigilant quant à la sécurité effective de leurs traitements et aux démarches entreprises afin de s’assurer de l’adéquation entre les données détenues et […] »

Debout derrière un pupitre réglé à ta hauteur (156 cm, c’était à peine plus grand que la taille moyenne des indiennes mais un peu plus petit que la taille moyenne des japonaises) avec un micro parfaitement réglé, dans un tailleur sur mesure presque masculin (si l’on ne tenait pas compte de la veste de costume adapté à ta poitrine) tu avais passé 2 longues heures à déblatérer sur un sujet que tu connaissais bien assez pour en parler les yeux fermés. L’heure supplémentaire avait évidemment servi à répondre à des questions basiques. Tu avais pour la plupart répondu à celles-ci pendant ton long monologue, et ce détail n’avait pas manqué de t’agacer, mais petite actrice que tu étais, tu avais décidé de garder cette information pour toi.

Plus vite tu répondais et plus vite c’était réglé, à toi la liberté ! Seulement 1 question avait retenu ton attention, mais sans plus. L’heure de la libération avait sonné, pour les étudiants comme pour toi. Dès ce moment, tu ne pensas plus qu’au restaurant que tu avais aperçu en arrivant. Tu ne mourrais pas non plus de faim étant donné que ton petit déjeuner avait été conséquent mais… Qui pouvait résister à l’appel du dango mochi ? Et plus précisément le Mitarashi dango ? Certainement pas Sarasvati Bala ! Oh non ! Salivant déjà sur ce futur aux airs alléchants, tu tentas d’écourter la discussion que tu avais avec ton ami enseignant qui s’émerveillait de certains sujets que tu avais abordé avec ses étudiants et surtout de l’échange qui en avait résulté – cet échange tu l’avais trouvé ridiculement bas en termes de qualité mais tu ne lui en fis pas part, c’était pas le moment de vexer si proche du dango ! -.

« Hm, je te laisse… »

Tout en prenant congé poliment, tes dossiers dans une main, tu remis en place ton col de chemise noir entouré de ta cravate rouge. C’est au moment que tu avais choisi pour redresser tes fausses lunettes sur ton nez, et que tu tournas les talons, qu’une jeune fille, à peine plus petite que toi, fit irruption. Raaah ! Est-ce que c’était un complot ? Personne ne te laisserait la possibilité de pouvoir jouir d’une petite pâtisserie ?... … Oh…
Pas que tu n’avais jamais été en contact avec des jeunes timides, mais cette petite avait ce quelque chose d’attendrissant qui te pris au dépourvu. Tu clignas plusieurs fois des yeux en la détaillant sans aucune gêne, comprenant bien assez vite qu’elle avait tenté de te remercier -sans doute pour la conférence que tu t’étais échinée à donner- et qu’elle s’était misérablement plantée. Ah… ça te rappelait vaguement une certaine petite fille indienne, incapable de dire non et qui rougissait et avait honte même lorsqu’elle proposait son aide aux personnes âgées.

« … De rien ? »

Penchant ton visage sur le côté, le tissu léger de ta coiffe mêlé à ta chevelure blanche s’échoua contre ta joue. Rejetant quelques mèches derrière une oreille, tu t’inclinas poliment avant de lui faire un petit sourire amusé. Il fallait que tu t’empêches de trop tourmenter cette pauvre petite âme… Mais son visage rouge pivoine était comme un appel !...

« Mais à qui ai-je l’honneur ? Vous savez déjà quel est mon nom, ce n’est pas très juste, n’est-ce pas ?»

Les dangos pouvaient attendre finalement, tu venais de tomber sur une distraction aux adorables joues rouges.

De plus en plus intriguée par la jeune fille qui te faisait face, tu en oublias ton envie de sucreries, et surtout la longue -et franchement pas intéressante- conférence que tu avais partagé avec les étudiants de ton ami.
Voir une personne timide vis-à-vis de ta personne ne t’avais jamais bien ébranlée mais là… Tu étais partagée entre la fascination, la nostalgie, et l’envie irrépressible de la tourmenter.

Ah, oui, tu avais certes été timide à une époque, mais tu avais changé par la force des choses. Avant cela, jamais tu n’aurais osé adresser la parole ainsi à qui que ce soit, de front.
Alors c’était pour ça que voir la jeune femme se tortiller, crispée et agrippée à son sac, t’émue quelques instants. Puis tu te rappelas qu’elle n’était pas un petit animal mignon… Ni quoi que ce soit d’autre. Loin de te douter d’à quel point Chiemi pouvait t’admirer, tu te penchas un peu vers elle, pour lui montrer que tu attendrais patiemment la fin de ses phrases. Les bégaiements, ça ne t’était pas arrivé depuis fort longtemps de manière sincère mais tu savais que le pire était bien de montrer un signe d’agacement ou d’empressement. L’un ou l’autre serait obligatoirement perçu comme étant hautement agressif. Et ce n’était pas le résultat que tu voulais.

Tu attendis donc… Et quand l’étudiante formula une phrase correcte, tu ne cachas pas ta surprise, les yeux légèrement écarquillés et tes lèvres entrouvertes. L’ignorer ? Lui avais-tu donc donné une impression si impolie ?... Non, bien sûr que non, mais cette question te taraudait…

« Vous ignorer ?... Hm, est-ce que je vous aurais, par hasard donné cette impression que je pourrais ignorer une personne de manière si… Rude et frontale ? »

Hm… Tu ne lui en avais certainement pas donné l’occasion, mais tu étais tout à fait capable d’ignorer une personne, à tel point qu’elle-même pourrait douter de sa propre existence.
Oh… Tu ne connaissais pas cette jeune étudiante, tu ne savais pas exactement comment elle allait réagir…

Pour ne pas trop la braquer, tu gardas cet air un peu amusé, ta serviette professionnelle sous le bras. D’une impulsion électrique, tu fermas et ignoras toutes les notifications de ton SCHA lens : Dorénavant, tu étais occupée et tu ne voulais sous aucun prétexte être dérangée pendant ton entrevue. C’était tout de même assez rare de pouvoir rencontrer une personne aussi… Expressive, et timide.

En voyant Chiemi apparemment presque estomaquée de faire face à une demande qui te semblait somme toute normale, tu pouffas doucement de rire et la laissa poliment finir, même si l’envie de la couper t’avais traversée. Puis, doucement, tu l’attrapas en glissant tes doigts sous l’une de ses mains afin de la soulever le plus délicatement possible. Toute sourire, autant amusée qu’attendrie (même si tu préfèrerais plutôt mourir que de l’avouer sincèrement), tu pris la parole.

« Je vous taquine Ikeda-san. Vous semblez être relativement timide, et pourtant vous avez trouvé le courage de m’interpeler ? Je suis impressionnée. Tout le monde ne pourrait pas en faire autant, soyez-en certaine. »

Et tu le pensais. Cependant, même si tu venais de lui faire croire que, peut-être tu allais cesser tes taquineries ici, tu savais que ce n’était que le début de quelque chose. Tu laissas glisser sa main hors de l’emprise de la tienne en sachant pertinemment que ta sans doute cadette ne tiendrais sans doute pas très longtemps avec un contact étranger tout de même un peu imposé. Toute souriante que tu étais, tu penchas ton visage une fois de plus sur le côté tout en arrangeant machinalement ta cravate rouge.

« Et je suis tout autant enchantée de vous rencontrer. Vous aviez l’air intéressée par la conférence… »

Il ne fallait pas être devin pour savoir qu’elle avait sans aucun doute dévoré tes paroles, même les plus insignifiantes… Ce n’était même pas de la psychologie mentaliste… L’aura de la jeune femme était sincère. Et puis sans parler de sa couleur de cheveux… Les Haifu se faisaient certes plus présents au Japon depuis quelques années… Mais elle était bien la seule avec une couleur de cheveux aussi… (toi mise à part) Voyante, assise dans les premiers rangs en plus de ça.

« Oh ! Puisque vous avez l’art de faire mourir de faim les personnes de votre entourage, pourriez-vous m’accompagner pour le déjeuner ? Je serais curieuse d’un peu plus m’entretenir avec vous… À moins que vous n’ayez d’autres cours par la suite ?...»

Tu étais quasi sûre que non… Et puis si c’était le cas… Tu avais tout de même envie de t’entretenir avec la jeune fille. Sans parler de ton passe-temps légèrement malsain à vouloir l’embêter malgré sa timidité, elle t’intriguait réellement. Malgré ce visage adorable et cette aura presque effacée, tu avais l’impression d’avoir, en effet, quelque chose à obtenir de cette nouvelle rencontre. Tu ne voyais pas l’avenir, et tu ne pouvais donc, de ce fait, pas savoir par avance si elle allait finir par te décevoir ou non… Mais en ce moment, tu avais bien besoin de ces petits moments d’insouciance dans ta vie.
Faussement déçue, tu soupiras en regardant vaguement vers la sortie.

« Dans ce cas-là… Tant pis. Je ne voudrais pas vous retarder, votre cursus n’est pas le plus facile de l’université. Mais ça aurait été… »

Tout en parlant, tu tournas ton visage vers celui de Chiemi, tout en plongeant ton regard carmin dans le sien.

« Un réel plaisir. »

Tu souris une nouvelle fois tout en regardant la dernière personne quitter la pièce sans plus d’intérêt pour vous deux. Tu avais l’impression d’être dans l’un de ces dramas, face à l’héroïne principale… Une héroïne sans doute bien embêtée…

Ah… Quelle incorrigible tu étais…
…
Quoique, tu ne te sentais absolument pas fautive. Au contraire. C’était comme si tu répondais naturellement à un désir tout à fait normal… Et… Quel désir ? Celui de bien évidemment embêter la petite Chiemi.
Of course. Tu n’allais certainement pas laisser une pauvre âme aussi craquante en paix… C’était… Trop tentant.

Plus les secondes s’écoulaient, et plus ton amusement grimpait en flèche. Cette petite était décidément aussi adorable que drôle. Sa manière d’exprimer cette timidité, de rougir, de couiner… Si tu ne ressentais pas ce respect naturel pour la jeune fille, d’ancienne timide à timide, tu l’aurais sans doute comparée à un petit animal effrayé, à un hamster ou un tout petit lapin. Quoique, serait-ce réellement lui manquer de respect ? C’est qu’avec ce regard doux et cette couleur de cheveux pastel, ça allait être compliqué de la considérer autrement.

Laissant la jeune fille s’expliquer, bien qu’elle n’ait absolument pas à le faire, étant donné que tu ne faisais ni plus ni moins qu’une plaisanterie à ses dépens, tu préféras te lancer dans une petite œillade discrète. Qui sait, au vu de ta propre évolution, ce n’était pas exclu qu’Ikeda-san devienne un jour bien plus sûre d’elle dans ce genre d’interaction. À sa manière de suivre assidûment ta conférence, tu avais eu l’impression qu’une certaine intelligence se cachait derrière ces grosses lunettes. Tu n’avais que ton instinct pour te souffler de telles choses, mais après tout, malgré la technologie sur laquelle tu te reposais depuis plusieurs années maintenant, tu faisais partie de ces personnes fonctionnant à l’instinct.
De plus en plus amusée par l’étudiante, tu te baissas pour ramasser ta serviette comportant documents et d’autres affaires tout en gardant ton regard ambré fixée sur ton vis-à-vis.

« …Oh ?... »

Décidément. Plus tu traînais avec Ikeda-san, et plus tu commençais à l’apprécier. Rien de très sérieux pour le moment. Ça ressemblait plus à l’affection que tu aurais pu ressentir face à un chaton égaré, ou un enfant en bas âge… mais tout de même.
Contrairement à ce que tu avais laissé échapper jusque-là, un sourire franc retenti dans la salle de conférence spacieuse. De légères rougeurs dues à un mélange de fierté et de joie apparurent sur tes pommettes. Loin de la timidité qui te rongeait il y a de ça quelques années, lorsque tu vivais encore au Japon en tant que petite étudiante, tu ne cherchas pas à cacher l’expression de ton visage. Après tout, tu n’étais pas en mission, face à un criminel ou à des collègues à qui tu devais montrer fermeté et autorité.
Réellement touchée parce que Ikeda avait laissé échapper malgré elle, tu la laissas se dépatouiller s’empêtrer un peu plus avant de… Tout simplement attraper cette fois-ci le bras de l’étudiante avec le tien, tout en restant à une distance respectable. Tu savais évidemment que dans le Pays du Soleil Levant, de telles affinités n’était pas envisageables entre deux inconnues. Pourtant, tu ne pouvais pas t’empêcher de taquiner la jeune fille, d’autant plus depuis que tu saisissais un peu mieux les sentiments de l’étudiante.

Ton regard planté droit dans le sien, tu te penchas très légèrement vers elle en fronçant doucement tes sourcils.

« Je n’accepte pas vos excuses Ikeda-san… … … … Tout du moins, pas tant que vous ne m’aurez pas montré cette fameuse cafétéria, afin que je puisse vous inviter quelques minutes ! »

Tu pouffas de nouveau et vérifia d’une impulsion électrique le plan de l’Université avant de le refermer. Ça n’avait pas l’air excessivement loin, tu pourras donc discuter un minimum avec elle avant de la laisser vaquer à ses propres occupations.
En la voyant sortir un emploi du temps papier, tu te retins de faire un commentaire face au côté très… Vintage de la situation. Tu aurais pu l’embêter en lui soufflant qu’un arbre avait été inutilement mutilé pour lui offrir cet emploi du temps qu’elle pourrait de toute façon obtenir avec un SCHA… Mais tu t’abstins. D’une part parce que tu avais envie de discuter innocemment avec Ikeda, et pas devoir la rattraper après l’avoir potentiellement fait fuir, et d’une autre part, tu savais que le papier à Okutama venait de forêts responsables. Et peut-être aussi que ce qu’elle avait si adorablement laissé échapper, le fait que tu étais un modèle pour ce petit bout de femme, te fis penser à une jeune fille que tu ne connaîtrais jamais et que tu aurais tout donné pour connaître. Repoussant bien loin ces pensées, tu souris tout en penchant de nouveau ton visage sur le côté.

« Ah ! Si vous avez une pause je me sentirais un peu moins fautive de vous kidnapper ainsi~ »

En revanche, si tu avais tenté d’épargner à ta vis-à-vis un comportement un peu trop familier, tu lui fis un clin d’œil pour imager ta blague tout en lui emboîtant le pas, particulièrement affamée maintenant que ton odorat captait les effluves de ce que certains étudiants grignotaient dans les couloirs.
Empêchant également à la jeune fille de se cacher derrière son sac ou autre chose par leurs bras toujours emmêlés, tu te retournas de nouveau vers ta cadette après avoir observé le couloir, connaissant déjà le chemin. Il n’y avait rien de plus facile pour toi de trouver une information sur un site, qu’il fut vaste ou pas. Craquer des informations aurait été plus compliqué, surtout sans matériel.

« Qu’avez-vous pensé de la conférence Ikeda-san ? Je suis curieuse… »

Puis, comme tu ne pouvais de toute façon pas t’en empêcher, tu rajoutas avec un petit sourire mi espiègle, mi innocent.

« Étant votre modèle, je me demandais quel chemin professionnel vous envisagiez. Qui sait, peut-être serais-je de bon conseil pour vous ? »