Les températures étaient fraîches. Brise humide qui vient caresser ta peau avec mélancolie. C’est un sursaut, le souffle coupé, le cœur battant de son plein gré. Pour une raison obscure, la raison de cet effroi est inexplicable. La main posée sur sa poitrine, ressentant la panique. Tel un tambour fort et puissant. La respiration est difficile à reprendre. C’est un regard perdu qui observe les alentours. Il n’y a rien qui rappelle à un quelconque souvenir. L’esprit vide. Ah si… Quelque chose demeurait. Quelque chose d’important. Le début d’une identité : Hope. C’était ton nom ? Tu poses ta main sur la tête. Tu étais fatigué. Comme si tu avais passé une terrible nuit. Mais surtout, tu cherches au plus profond de ton être quelque chose. Plus qu’un nom. Oh, tu étais déjà heureux de savoir que tu t’appelais Hope, mais tout de même. Tu aurais préféré avoir d’autres souvenirs. Peut-être qui tu étais. D’où tu venais. Non pour commencer, où est-ce que tu étais ? C’était peut-être le plus important.

Faible lumière au travers de ces multiples feuillages. Tristes couleurs qui s’harmonisent avec cette brume inquiétante. À tes côtés gisait un immense arbre. Tout semblait hostile. Super comme lieu pour se réveiller… Tu soupires. Tu ne comprenais pas comment tu étais arrivé là, mais, juste rester planté comme ça, n’allait pas t’aider. La forêt avait une triste mélodie. Tu sentais que des notes grisonnantes la voilait. Tu ne pouvais que prier pour que rien n’arrive. Alors tu te relèves. Tu titubes un peu. Tes muscles semblaient un peu engourdis. Il te fut quelques secondes pour te sentir plus apte. Plus stable. Quelques étirements. Tes pas sont tes guides désormais. Tu n’avais aucune idée d’où tu allais. Cependant, tu ne pouvais que te fier à ton instinct. Le brouillard était épais, ta visibilité en payait le prix. Malgré tout, il fallait continuer.

Il fallait avancer.

Il n’y avait pas grand-chose à part la végétation. Lorsque le vent soufflait, tu étais pris de frissons. Tu ne savais même pas quelle heure il était. Ah si seulement tu pouvais voir le soleil… Ces rayons chaleureux. Sa douceur qui caresserait ta peau pâle. Tu en rêverais. Mais ce n’était pas le moment. Sur ce chemin qui te paraissait bien trop long, tu te demandais où tu pourrais trouver une sortie. Ou un signe de vie ? Le calme était plaisant. Mais le lieu était bien trop lugubre. Il faisait si frais et si humide. IL n’y avait pas l’ombre d’une âme. Cette solitude accentuait ton désarroi. Hope… Hope. Que te restait-il à part ce nom ? Homme solitaire, dans cette forêt sombre, ton angoisse face à une identité inconnue renforçait l’ombre sur ton cœur. Toutes ces questions. Il y en avait beaucoup trop.

Mais aucune n’avait de réponses.

Voilà enfin quelque chose qui attira ton attention. Dans une petite pente, tu vis un objet. Tu ne savais pas ce que c’était, mais, ça avait l’air d’être fait en bois. Sous la curiosité, tu t’y diriges. Quelques pas. Tu te baisses pour ramasser ce qui semblait être une arme. Plus précisément, ce fut du bois sculpter et tailler pour devenir une épée. Cela ne devait pas être bien puissant, mais, voilà qui était rassurant. Tu pourrais ainsi te défendre. Tu espérais ne pas tomber sur un monstre ou quelconque animal dangereux. Mais, voilà, sait-on jamais. Alors tu la gardes précieusement en main cette épée. Ton instinct t’avait guidé jusqu’ici. Voilà une bonne chose ! Tu ne pouvais que te remercier. Le ciel, te donnerait-il un quelconque signe d’espoir ? De l’espoir oui. C’est ce que tu devais garder en tête. Malgré toute cette incompréhension. Malgré ce mystère qui voilait ta vie entière. Malgré cette faim qui commençait à te saisir. Cette fatigue. Garde-la précieusement cette lumière d’espoir.

Hope.

Tu reprends ta route. Sans savoir où vraiment aller. Mais avec le désir de trouver une sortie. Désormais armé. Te voilà un peu plus rassuré. Toujours un peu sur tes gardes. Regard attentif à tous les bruits. Le vent te jouait bien souvent des tours. C’était parfois un peu agaçant. Mais avance avant tout. Droit devant, pour espérer y trouver un rayon de soleil.

Tes pas se faisaient de plus en plus lourds. Ton corps devenait un poids sous la fatigue. La faim commençait à se faire trop ressentir. Le souffle saccadé. Quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur ton front. L’humidité dans l’air toujours présente. Mais voilà, tu n’avais jamais cessé d’avancer. Pas jusqu’à trouvé ta lumière. Cette sortie. Quête de réponses. Pour ne plus avoir à faire face à l’angoisse de cette forêt. Dans l’espoir de trouver des signes de vie. Pas seulement l'ombre géante des arbres. Leurs feuillages inquiétants. Ce vent laissant un frisson parcourir tout ton corps. Néanmoins, ça y est ! Tu voyais enfin ton échappatoire. Te voilà enfin sorti de cette galère ! Quels paysages allais-tu découvrir ? C’est la surprise qui se lit dans ton visage. Un vert qui vient se lier au sein de tes prunelles. Des couleurs bien plus éclatantes. Douceurs au sein de ton esprit, ton cœur se sent soulagé. Apaisé. Un sourire aurait presque pu étirer tes lèvres. Mais cette expression était encore trop timide. Ta joie se lisait simplement dans ton regard. Cette lueur persistait.

L’ambiance était tellement différente. Tu ne t’attendais pas vraiment à cela. Pourtant, cela égayait ton âme. Tu te sentais bien mieux. Une bouffée d’air frais. Bien que tout était encore embrumé. Ton réveil avait été dur, plus encore, il n’avait laissé que des doutes. L’ombre du mystère était toujours plus grandissante. Tu te retournes quelques instants. Tu observes cette immense forêt. Tu n’avais pas l’envie d’y retourner pour le moment. Peut-être un jour, tu le devras. Peut-être pour trouver des réponses. Après tout, c’était ici que tu avais forgé tes premiers souvenirs. Rien de plus ancien ne te venait après tout. Absolument rien.

C’était le noir complet.

Tu décides de te détourner de ce lieu. De t’en éloigner. Tu empruntes le premier chemin que tu vois. Avancer. Encore et encore. En quête de réponses. À la recherche d’une tierce personne. Qui saura te renseigner. T’offrir ce dont tu avais le plus besoin. Mettre fin à ces tourments. Mettre fin à toutes ces questions. Tu te demandais où tu étais. Où tu allais. Vers quoi tu te dirigeais. Cependant, cela ne te déplaisait pas de marcher en ces lieux. Non loin de là. Après la sale ambiance de la forêt, c’était très reposant. Plutôt agréable. Plus chatoyant. Mais voilà, dans tes pensées, tu entends finalement des cris. Des cris de détresse.

Quelqu’un appelait à l’aide. Cette fois-ci… Plutôt que de penser à l’existence d’un compère. Tu avais d’abord pensé à aller aider cette voix inconnue. Tes pas se précipitent. Et que vois-tu ? Un marchand se faisant attaquer par… Deux créatures identiques. Des frères marron avec de la verdure sur leur dos. Ces monstres étaient clairement hostiles et pourtant… Tu ne pus t’empêcher de te dire qu’ils étaient…

Mignons.

Non mais tu ne t’attendais pas vraiment à ce genre de bestioles. Tu voyais quelque chose de bien plus effrayant. Qui rappel un peu plus à cette forêt par exemple ? Mais qu’importe leur tête adorable. Ils n’étaient pas là pour faire ami-ami. Tu devais agir. C’est ton instinct qui te le dictait et tu ne comptais pas lutter contre celui-ci. Tu devais aider ce pauvre marchand. Après tout, tu avais un cœur altruiste. Fort heureusement, tu avais trouvé une épée en bois plus tôt. Tu allais donc pouvoir te battre ! N’était-ce pas une véritable chance ? Tu t’élances, prêt pour ton premier combat. Eux aussi étaient prêts à en découdre avec toi cependant. Ils te lancent des attaques que tu t’efforces d’éviter. Ils te chargent. Quelques pas chassés, quelques roulades. Tu contre-attaques sur l’un des Ferremo. La lame de bois se plantera dans la tête de celui-ci. Il disparaîtra dans un nuage de fumée. Une façon bien étrange de quitter ce monde. Mais pas le temps de penser à cela. Il y en restait un dernier. Cette fois-ci, tu seras le premier à attaquer.

Tu t’élances vers lui. L’épée fend l’air avec faiblesse au vu sa qualité. Mais ce sont ces coups francs et droits, bien exécutés, qui auront raison de ce dernier ennemi. S’évaporant vers le ciel tout aussi subitement. Après ta longue marche, ce petit combat et cette faim qui se faisait plus grande. Tu te sentais bien fatigué. Cela était normal après tout. Tu inspires fort. Essoufflé. Quelques douleurs musculaires à cause de l’effort. Tu étais encore faible. Sans aucune particularité. Tu décides de te laisser à terre. Quelques longues mèches prennent la liberté de se poser devant tes yeux. Si tu pouvais faire une sieste. Tu le ferais bien.

La sensation de la terre fraîche entre tes doigts. Cette cascade couleur jade qui te servait de chevelure. Harmonie avec ces paysages, étendues verdâtres. Un cœur qui essayait de se calmer, face à tous ces efforts menés. Et, dans ce repos que tu cherchais, il vint te remercier. Cet homme que tu avais sauvé. Ce marchand semblait vraiment t’être redevable. Ses propos sont exagérés, mais ils savent te toucher. Faire une bonne action… C’était plutôt une bonne chose. L’homme t’invite à te reposer un peu le temps qu’il rassemble ses affaires. Ah ! Comme si tu allais te gêner ! Tu reprends ton souffle. Cette bouffée d’air frais. Tu la ressens dans ton corps telle une cure. Tes yeux se plongent vers le ciel. Dans cet infini bleuté. Ta voix se laisse porter vers le marchand :

« Est-ce que vous voulez bien écouter mon histoire ? »

Tu te rends enfin compte du bonheur de voir une âme erré. Marchal, saura peut-être t’apporter quelques réponses. Tu y songes. Alors qu’il te répond avec joie et sérieux qu’il t’écoutera… Tu te remémores. Le récit commence. Lorsque tu t’es réveillé dans cette sombre forêt. Lorsque tu as trouvé cette épée. L’angoisse ressentie, et tous ces souvenirs…. Ces souvenirs existants. Ce seul nom qui te restait. Ta seule et unique réponse. Tu lui avoues toute cette quiétude. Tous ces sentiments qui te pèsent sur le cœur. Ce désir de combler ce vide. À quel point tu étais perdu. Tu fus des plus sincère dans tes paroles. Et… Cette histoire semblait avoir beaucoup touché l’homme. Proposant alors, de continuer votre route ensemble vers Elsia. La capitale. Dans le but, de trouver une solution sur place. Étonné par cette proposition, tu fus néanmoins fortement apaisé à l’idée :

« Oh… Avec plaisir. Merci Marchal. »

Une politesse certaine. Un visage calme, mais qui ne cache pas cet espoir. Tu te relèves. Récupère l’objet que la mort de monstres t’aura procuré. Le marchand t’explique de quoi il s’agit. Et ainsi, vous prenez la route. Quelques échanges agréables… Ou du moins… Beaucoup de sa voix. Tu restais plutôt silencieux. Néanmoins, tu écoutais avec une attention particulière ce flot de mots. Ces trivialités parfois exagérées. Les deux heures auront été toutes aussi longues que courtes. Était-ce grâce à ce réconfort ? Face à la chaleur humaine que tu ressentais au travers cet être ?

Probablement.

Une forteresse. Voilà ce qu’était Elsia. Tu pris le temps de l’observer quelques instants. Prendre du recul pour contempler son immensité. On sentait bien qu’il s’agissait d’une capitale. Le centre. Démonstration de puissance. Pas le temps de trop t’y pencher seulement. Marchal te guide jusqu’à une auberge : Le Soleil levant. Aah… C’était un lieu si chaleureux. Aube, la maîtresse du lieu, semblait fort sympathique. Après tout, après avoir entendu ton histoire, voilà qu’elle t’offre une nuit gratuite dans cette auberge. Hein ? Vraiment ? Gratuitement ? Cette gentillesse était impressionnante. Tu en avais de la chance. Vraiment. Tu aurais pu croiser en premier des salops qui t’auraient abandonnés à ton sort. Mais non. Ce n’était point le cas. Tu fus accueilli d’une façon si généreuse. Tu ne pourrais jamais assez les remercier pour cela. Marchal pour t’avoir guidé. Emmené dans cet endroit où tu pourras te reposer. Aube, pour te laisser un lit. Une douce nuit. Sans réellement te connaître :

« Je vous remercie sincèrement pour votre hospitalité. »

Il y eut une petite conversation. Légère. Simplette. Mais c’était une dernière note agréable. Avant que tu n’ailles dans cette chambre offerte. Un coffre-fort s’y trouvait. Et malgré ta curiosité, tu étais beaucoup trop fatigué pour t’en soucier. Tu laisses ton corps tomber sur ce duvet. C’était bien plus confortable que le sol sur lequel tu t’étais réveillé. Tu penses. Repense. Perdu dans ces songes encore quelques instants. Au final, tu ne savais toujours rien sur toi. Et sur ce monde. Pourtant, tu avais l’impression d’être sur la bonne voie. Une pensée positive, qui te fait fermer les yeux. Te voilà endormi, l’esprit un peu plus léger.