Toutes ces rangées de livres se présentaient. Tant de genre différent. D’histoires et d’auteurs différents. Si la technologie avait une place extrêmement importante dans la société. Personne ne put réellement se séparer de ces formats papiers. Bouquins que l’on peut recueillir au creux de nos mains. Le monde change, mais quelques souvenirs perdurent. Lire sur numérique était pratique cependant. On pouvait rester chez soi et, cela prenait moins de place. Pourtant, des traditions perdurent et ta mère n’accepterait certainement pas que tu travailles de cette manière. Ce qu’elle pouvait être méticuleuse…. M’enfin. Tu t’en fichais pas mal au final. Lire un livre sur une tablette ou non, quelle importance. Le contenu restait le même. Le temps perdu ne changera pas. Alors sur cet avis, tu pouvais faire des efforts. Ne pas faire trop l’ingrat. L’enfant rebelle. Qui ne cesse de parler sur ce ton désagréable.

Néanmoins, tu restais toujours fidèle à toi-même.

La bibliothèque. C’était là où tu te trouvais. Tu n’avais pas souhaité travailler et réviser chez toi. C’était bien une chose que tu fuyais. Évitant ta mère ou ton père, quelques domestiques trop influencés par tes parents. La tranquillité de ce lieu t’était préférable. Il y avait toujours du monde. Des tables souvent remplies. Et malgré tout, un silence général y régnait. Une sonorité paisible. Loin de tout souci. Tu pouvais soit te mettre dans ta bulle avec tes écouteurs. Soit profiter du calme prônant au sein de cette bâtisse. N’était-ce pas agréable ? Tu te serais bien mis dehors sinon… Mais avec l’hiver. La neige…. Autant éviter de tomber malade n’est-ce pas ?

Les fêtes étaient finies. Les galères aussi. Ah oui…. Supporter ta famille pour Noël et le Nouvel An… Quel enfer. Tout avait été si peu agréable. Le pire, c’est que tu dus même passer la nouvelle année avec… Avec la famille de ton ex-fiancée ! Donc elle fut présente elle aussi ! Le malaise. Rien que d’y repenser, tu voulais t’enterrer. Posant ta tête contre les immenses étagères. Les souvenirs remontaient. Son regard noir. Les leçons. Les prises de tête. Encore. Personne n’avait apprécié ton comportement il y a quelques mois. Et les représailles étaient toujours là. Y avait-il un mal à être sincère ? À ne pas vouloir d’un mariage arrangé ? Un long soupir qui s’échappe de tes lèvres. Quelques regards curieux, plein de jugement, se font vers toi. C’est vrai que tu avais l’air un peu étrange en posant ta tête de cette façon. Un peu gênant… Tu recules d’un pas et traverses les allés. Regardant quelques titres d’un coin de l’œil. Cherchant ce dont tu avais besoin. Les études. Tu devais réviser. Même si tu en profiteras pour lire quelques mangas. Avec l’argent gagné à Noël, tu devrais peut-être t’en acheter. Ou bien un jeu-vidéo ?

Ça ferait rager tes parents, ce serait pas mal.

Tu t’arrêtes. Voilà quelques bouquins qui te seront utiles. Pour tes révisions. Oui… Tu n’aimais clairement pas ce que tu faisais. Et pourtant… Tu te devais de travailler. Tu n’avais pas le droit de rater. Parce que, si tu veux faire quelque chose qui te plaît… Tu ne dois clairement pas tâcher ton dossier. Cela te serait fatal. Dans ce monde-là, la moindre erreur pourrait tout foutre en l’air. Alors il te fallait prendre sur toi. Si tu as des facilités contrairement à certains. Tu n’obtiendras rien sans efforts. Tu n’es pas un génie. Cette année sera sans doute aussi chiante que la précédente. Néanmoins ! Oui, tu auras 20 ans ! Enfin ! Indépendance ! Tu pourras changer ta voie. Alors autant tout donner pour partir avec fierté ?

Même si tu n’as aucune idée de quel chemin emprunté.

Entre tes bras, se trouvent tout un tas de documentations. Livres qui t’aideront. Maintenant, il te fallait trouver une place pour t’installer. Blasé… Il n’y en avait quasiment pas. Du moins… Pas de place tranquille sans personne à côté. Un soupir. Laissant ton bonheur s’échapper encore une fois. Ton regard se porte sur cette chaise à côté d’une demoiselle. Elle semblait discrète, ça te rassurait un peu. Tes pas s’avancent vers cette inconnue :

« Euh… Excusez-moi, je peux m’asseoir ici ? »

Plus qu’effacée, la jeune demoiselle semblait vraiment plongé dans son monde. Dans ses songes. Peut-être dans une passion. Du moins… Sa concentration était forte vu la façon dont elle avait réagi. Un véritable sursaut. Un bond soudain. Qui te surpris toi-même. Tu sentis ton cœur s’arrêter quelques secondes face à cette réaction. La chaise laisse ce son fracassant. Les regards se tournent vers vous. Et l’embarras de la blonde se faisait ressentir. Sa voix tremblante. Manquant cruellement de confiance en elle. Ce léger bégaiement. Ce visage devenant carmin. Ses gestes semblaient aussi désordonnés que ses pensées. En voulant dégager un peu ses affaires… Elle avait simplement tout dérangé et éparpiller. Des feuilles se mirent à voler. Tu n’eus pas vraiment le temps de réagir tant tout s’est déroulé vite :

« O-Oh, merci... »

Sa nervosité semblait un peu t’atteindre. Pourtant, tu gardas un visage calme et posé. Tu te penches donc et ramasses les papiers fuyards :

« Laissez-moi vous aider. »

Et ce que tu vis, ce sont des croquis. Des dessins. Tu ne pus t’empêcher de t’y pencher un peu plus. Regardant avec détails les traits de crayons. Tu trouvais cela vachement joli. C’était une critique qui, en tant qu’amateur n’avait sans doute aucune valeur. Mais, c’est avec toute la sincérité dans ton cœur, que tu te disais qu’elle était plutôt douée la demoiselle. Quoique pas très ordonnée. Un peu trop paniquée. Tu lui tends alors ce que tu as ramassé :

« Tenez… C’est très joli. »

Tu te relèves. T’installes… Ton regard se pose sur tous ces livres qu’elle avait mis en bazar en voulant te faire de la place… Un soupir. Tu les arranges vite fait. Pour que ce soit plus agréable. Ainsi, tu te décides enfin de te plonger dans ce que tu devais faire. Étudier. Travailler…. Sur des choses qui ne t’intéressaient pas cependant. L’envie n’était clairement pas présente. Et pourtant. Tu devais t’y mettre. Tu te saisis d’un bouquin d’Anglais, un carnet de notes à tes côtés. Le stylo à la main, tu te plonges dans cette lecture fastidieuse. Sous tes yeux, un autre livre ouvert. Un dictionnaire. Tu faisais quelques traductions. C’était important que tu apprennes bien cette langue universelle. Pour tes études, c’était la base. Et pour vivre en société. Même si, désormais, le monde se centrait plus sur le Japon… C’étaient des connaissances nécessaires. Après, tu allais devoir étudier un texte japonais. Sur leurs significations, les critiques qu’on pouvait en faire. Le pourquoi c’était écrit ainsi. Bref… Tout un tas de choses qui ne te passionnaient pas tant que ça. Mais, qu'est-ce qui pourrait te passioner comme travail ?

La question de ton avenir était si floue.

Tu laisses ta tête en arrière. Regardant le plafond. Songeur. Tu repenses à la demoiselle à côté de toi. Elle semblait passionnée par ces dessins qu’elle faisait… Vu votre premier échange. Et ce qu’elle faisait… Ça se voyait qu’elle était à fond. Qu’elle travaillait ses dessins. Ce n’était que des croquis certes… Pourtant, c’était l’impression que cela te donnait. Est-ce qu’elle faisait des études là-dedans ? Tu aurais bien voulu lui demander. Pourtant… Tu n’osais pas vraiment lui adresser de nouveau la parole. Par timidité… Et parce que c’était un peu gênant de demander ça… Non ? Enfin, un inconnu qui d’un coup demande quelles études tu fais… Ouais, c’était un peu étrange. Elle pourrait te prendre pour un gars avec de drôles d’idées. Tu poses ta tête contre la table. Un peu trop fort….

Tu avais l’impression d’être ridicule. Tu voulais t’enterrer. Heureusement, ce fut discret, mais la demoiselle à côté devait l’avoir remarqué… La honte ! Ton regard se pose sur elle. Son crayon. Tu avais vraiment un sacré mood… Un sale mood.

À la réflexion… Peut-être que regarder ses croquis sans sa permission… Ce n'était peut-être pas super sympa. Ni très respectable. Tu n’avais pas été capable de lire dans les pensées de la demoiselle. Or, peut-être que dans son esprit, elle aurait voulu tout sauf que tu vois ses dessins. Autant, tu l’avais mis dans l’embarras sans faire exprès. Autant, tu avais fait un acte que tu devrais regretter. Vu ses paroles. Sa façon d’agir. La façon dont elle avait serré ses papiers contre elle. Même si elle t’a remercié, elle n’avait peut-être pas apprécié. Pas très digne d’un homme ça. Pourtant, cette réflexion n’était déjà plus. À cause de tes exercices. De ton humeur désastreuse. De geste un peu trop brusque. Ah… Tu avais un peu mal à la tête. Peut-être, tu y avais été un peu fort.

Tu avais tellement honte. Tellement que lorsque tu entendis la voix de la blonde, tu voulu ne rien dire. Ne rien répondre. Juste, devenir la table. Ne plus être dans cette salle. C’était tellement gênant. Ton visage si pâle prenait quelques couleurs. Un peu plus rouge tout d’un coup. Ce n’était que l’expression de ton embarras. Tu aurais pu rester là comme ça. Ne pas répondre. Ou agir comme si cela n’était jamais arrivé. Mais l’inconnue s’était inquiétée pour toi. Tu trouverais cela insolent de ta part. Tu relèves la tête, la main sur ton front :

« O-Oui ça va merci... »

Le malaise. C’était un peu humiliant quand même… Tu n’es pas non plus du genre très fier. À accorder de l’importance à cet amour-propre de l’Humain. Pourtant, tu restes un homme. Parfois timide. Et, malheureusement, qui se gêne facilement. Qui ne se sentirait pas mal dans cette situation ? Pleins de personnes… Mais déjà… Fallait qu’il y en ait qui se tape la tête contre la table en plein milieu d’une bibliothèque… Un soupir s’échappe de tes lèvres :

« Désolé… J’espère ne pas vous avoir dérangé... »

Au moins, ce n’était pas tout le monde qui avait vu cette gaffe de ta part. D’une part, ça te soulageait. D’une autre, tu te sentais mal. Par ta faute, elle avait peut-être été déconcentrée pour son Art. Tu repensais alors à tes actes des quelques minutes précédentes. C’était peut-être l’occasion de t’excuser pour ça aussi ? À moins que tu voulais vivre avec cette culpabilité d’avoir laissé passer cette occasion ? Non clairement. Tu avais conscience que tu avais agi avec irrespect. La politesse, tu y accordes de l’importance. Même si tu te montres chiant. Ingrat et rebelle. Tout dépend d’avec qui tu es. Or, la demoiselle, n’avait rien à voir avec tout ça :

« D’ailleurs… »

Revenir dessus avec du retard, c’était planté encore plus ton ego. Combien de fois comptais-tu laisser cette lame te blesser ? Qu’importe, tu pouvais vivre avec. La douleur n’était pas forte. C’était plutôt ce malaise qui était difficile à apprécier :

« Je… Je tenais à m’excuser pour avoir regardé vos dessins sans votre avis. Ce n’était pas très poli de ma part. J’ai conscience que, dans les dessins, on met aussi une part de soi-même. De sa vie privée et de ce que l’on est. Vous n’aviez peut-être pas envie que je prenne cette liberté. Alors, si je vous ais offensé, sachez que ce n’était pas mon intention. »

Désormais, tu avais la conscience un peu plus tranquille.