C’était un matin comme les autres. Il commençait, comme celui de la veille. Celui de l’avant-veille. Et comme le lendemain. C’en était certain. Tu traînais un peu dans ton lit. Tu entendais ton réveil sonné. Le son de la voix d’Inoue. Quelques bâillements. Ton père qui vient te voir. Toi qui l’ignores un peu. Cette amertume présente. Lui qui décide de te laisser. Sans une parole. Ce silence pesant, tandis qu’il annonce aller travailler. Ton sale caractère. Tu n’en étais pas spécialement fier. Mais qu’y pouvais-tu ? Enfin… Ce mauvais moment finit par prendre une pause. Réconcilier avec ta matinée. Pourquoi ? Un bon petit déjeuner. De quoi se remplir la panse pour la première partie de la journée. L’uniforme tranquillement enfilé. Une petite écharpe, sait-on jamais. Le bento déposé dans le sac. Tu étais prêt à partir. Avant cela, quelques échanges froids. Vos regards qui se croisent. Ta mère, ton visage glacial. Ce même instant. Celui que tu vivais la veille. L’avant-veille. Et le lendemain. C’en était certain. Il y eut juste un petit plus :

« Miyuki, n’oublie pas que tu as ton rendez-vous chez le médecin dans l’après-midi. »

Si tu avais oublié ? Un peu… Ca pouvait arriver à tout le monde après tout. Mais, bon, pour le coup, tu te sentais un peu con. Après tout, c’était assez important. Ce genre de rendez-vous. Même si, d’un point de vue personnel... Tu n’y voyais pas trop d’intérêt. Ou bien était-ce juste parce que tu n’aimais pas te rappeler ? Un soupir s’échappe de tes lèvres :

« Ok. »

Ce ton froid, toujours présent :

« Ne t’en fais pas pour les cours, j’ai bien envoyé un mail à tes professeurs. Néanmoins, pense bien à rattraper. »

« Oui oui. »

Et tu claques la porte. Tu quittes cette grande maison. L’air était frais. Rafraîchissant. L’hiver avait pourtant cessé. Seules ses dernières lueurs persistaient. Les prémices du printemps eux, étaient déjà là. Une saison que tu appréciais tant. En ces temps-là, les paysages à Okutama changeaient. Devenaient fleuris. Savaient t’émerveiller. C’était toujours la meilleure période pour prendre des photos. Aller courir. Te balader et profiter de la vie. Le temps n’était pas austère. Il ne faisait pas assez froid pour grelotter à peine sorti, attraper un rhume au moindre coup de vent. Pas assez chaud pour se sentir mourir, être trempé par la sueur ou être assoiffé au moindre effort. Le printemps était véritablement une bonne saison. La plus belle ? Tu ne savais pas. Elles étaient toutes si différentes. Il n’y en avait pas une que tu n’aimais pas. Elles avaient leurs avantages. Leurs désavantages. Donc, au final, pouvait-on vraiment juger ? Qu’importe. Tu profitais de l’instant présent.

Ta matinée s’était passée tranquillement. Pas d’embrouilles. Pas d’examens. Juste de simples cours. Une prise de note rapide. Et comme chaque fois, tu avais su te montrer comme l’un des meilleurs élèves. Mais même les meilleurs pouvaient s’absenter. Et tu étais d’ailleurs prêt. Au cabinet, tu attendais. Tu n’avais pas spécialement hâte d’y aller. Une inspection générale. Mais… Pour ta brûlure hein… Tu comprenais très bien qu’on veuille vérifier que tout était bon. Pas trop d’infections. Rien qui ne s’était aggraver. Là-dessus, tes parents étaient plutôt stressés. Et pour une fois, cela ne t’énervait pas. C’était plutôt normal après tout… Cependant, était-ce vraiment nécessaire ? Bah… Tu n’allais pas te prendre la tête avec ça. Après tout, ton nom venait d’être énoncé.

Ohno Hideaki. Tu n’avais jamais vu ce médecin. L’ancien venait de prendre sa retraite après de nombreuses années de travail acharné. Tu ne savais pas à quoi t’attendre avec celui-là. Mais il devait forcément s’être démarqué pour que tes parents le choisissent. Face à lui, tu t’inclines légèrement, avec tout le respect que tu lui devais :

« Saito Miyuki. Enchanté. »